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Brin de jasette avec deux artistes de Patin Libre

Un autre avant-goût du Branle-Bas 2017

J’ai eu la chance de m’entretenir avec Pascale Jodoin (P) et Alexandre Hamel (A), colocs, membres du Patin Libre et très bons amis de Geneviève et Antoine (Cirque Alfonse). C’est donc dans leur cour arrière, autour d’un bon café, que j’ai pu jaser avec deux Hochelagais super allumés, chaleureux et optimistes pour leur quartier.

 

Expliquez-nous en quelques mots ce qu’est Le Patin Libre?

 

P : Le Patin Libre, c’est une compagnie de patinage contemporain. On crée nos propres spectacles, c’est une nouvelle forme d’art de la scène. On a décidé de donner une nouvelle avenue au patinage. Aussi, c’est une compagnie qui fait plein d’événements de médiation culturelle et on s’implique dans la communauté.

A : À la base, on faisait du patinage dit artistique, ce qu’on voit aux olympiques et dans les spectacles de patin on ice. On faisait des compétitions, on avait des contrats, mais un moment donné on s’est tannés pis on voulait développer une façon de faire des spectacles de patin qui nous ressemblent, avec un style qu’on développerait nous-mêmes, avec une attitude qui est plus la nôtre, et y’avait pas moyen de faire ça dans la business telle qu’elle existe. Faque on a pris un virage pour partir notre compagnie qui est toujours en patin sur la glace, mais qui est à notre façon à nous. Et depuis 5 ans, les journalistes appellent ça du patinage contemporain pis j’trouve que c’est le bon terme.

 

Où avez-vous performé sur le globe?

P : Partout! (rires) Non, pas partout.

A : On n’est pas encore allés en Afrique.

P : Ni en Amérique du Sud! Mais durant la dernière année, on est allés en Asie, en Australie, en Europe, aux États-Unis, au Canada.

A : Ouais, j’pense qu’on avait compté 12 pays pour cette année.

 

Depuis combien de temps habitez-vous dans Hochelaga?

P : Depuis 2014 qu’on habite ici comme colocs. Sinon, moi ça fait depuis 2010.

A : Moi, depuis 2013.

 

Qu’est-ce qui vous a amené ici?

P : Mon père a grandi sur Desjardins, entre Ontario pis La Fontaine. J’ai pas grandi ici, mais on dirait que mes racines étaient là. Ma sœur avait un chum sur Adam, j’aimais tellement cette rue-là, j’y ai habité aussi un an ou deux. J’ai un sentiment d’appartenance pour le quartier, c’est tout mixé, tu vois toutes sortes de monde, toutes sortes de commerces.

A : J’aime ça vivre en ville où y’a plein de choses différentes, où y’a beaucoup de monde, où je peux vivre sans avoir d’auto. Pis c’est plate à dire, mais c’est de plus en plus cher de vivre en ville, mais un quartier comme Hochelaga, c’est encore dans mes moyens. Pis avant de m’installer ici, j’me promenais dans les ruelles vertes et je trouvais ça donc ben inspirant pis le fun.

P : J’aimais l’architecture, c’est beau le quartier. Pis à force de s’être impliqués dans le quartier, on s’est mis à connaître tellement de gens, pis dans le milieu du cirque, y’a tellement d’artistes qui s’entraînent à la caserne 18-30 sur Hochelaga pis qui vivent dans le quartier. Et de faire des événements communautaires, participatifs. On marche dans rue et c’est impossible de faire la Ontario sans croiser quelqu’un qu’on connaît.

A : On voit aussi vieillir les jeunes qui nous ont vu performer chaque année dans le quartier, ça fait vraiment drôle!  

 

Quels sont vos spots préférés dans le quartier et pourquoi?

Pour faire l’épicerie?

A : Moi, j’vais au Super C parce que c’est pas cher.

P : J’aime bien aller chez Fruits du Jour, parce qu’à l’arrière ils ont un rack à fruits vraiment pas cher. Mais des fois, on aime ça aller au ArHoMa acheter une bonne baguette.

 

Pour bien manger?

A : À la Pataterie! Si tout fonctionnait aussi bien qu’à la Pataterie dans le monde, y’aurait jamais de files d’attente aux urgences. Sérieusement, j’ai jamais vu un resto aussi efficace, pis le staff est cool.

P : Pour déjeuner, y’a la Belle Place. Sinon, quand on feel plus fancy, on va à la Bagatelle, l’État-Major ou la Tannerie. Oh! pis y’a aussi la Chic Resto Pop.

A : Oui, c’est le resto que je vais le plus souvent. C’est le deal : 4$ et ils font des dîners et soupers.

 

Pour se détendre?

P : Notre cour! (rires)

A : J’aime ça chiller sur la Place Valois et voir le monde passer. Sinon, j’aime beaucoup le Parc Adam et Valois parce que l’hiver, y’a la patinoire qui est vraiment belle. Pis l’été, y’a un rond d’asphalte et j’aime vraiment ça faire du Roller blade. Le terrain vague, mais on est en train de le perdre.

P : Le Parc Morgan ou la piscine extérieure en arrière du CCSE.

A : J’aime vraiment ça, prendre des marches dans les ruelles, je les ai pas encore toutes faites, je trouve que l’architecture est tellement belle. Une des fameuses richesses qu’on a, c’est les tours de hangar.

 

Pour faire le party?

P : Chez Gen pis Antoine! (rires). Sinon, on va à L’Espace Public. Il fut un temps où on allait Chez Françoise.

A : Mais L’Espace Public c’est la bière la moins chère et de meilleure qualité du quartier. T’sais on connaît le monde, les gens sont gentils.

P : On se sent chez nous. Pis on aime leurs olives au feta.

A : Dans le temps du hockey, on va au Morelli, qui est plus une taverne traditionnelle, quelque chose de riche et de beau à garder pis à aimer.

 

Quelle est la chose la plus bizarre/insolite que vous avez déjà vécue ici?

A : Ton ordi!

P : Ah my god! Ça, c’est intense. Un moment donné, j’ai vécu une journée vraiment abracadabrante avec 3 millions d’affaires. Le lendemain, je partais dans un meeting pour Le Patin Libre et j’ai besoin de mon ordinateur. Et j’suis comme : « Alex, j’ai pu mon ordi ». On fouille dans l’appart, on le trouve nulle part. On pensait qu’on s’était fait voler. Et c’était impossible que je l’aie échappé dans la rue, je l’aurais entendu. J’ai fait un avis de recherche qu’on a mis dans le quartier. Mais j’me décide de m’en acheter un autre, parce que j’en avais vraiment besoin pour le travail. J’viens de l’acheter et je reçois un coup de téléphone, un monsieur me dit qu’il l’a et d’aller le rejoindre au Tim à côté de L’Espace Public. J’ai le cœur qui bat. J’arrive au Tim et je vois le monsieur qui, justement, habite à côté de chez nous [P + A me pointent vers les appartements voisins].

A : Il l’avait trouvé dans rue, elle l’avait échappé de son sac finalement.

P : Y’est tombé quand j’suis rentrée dans la voiture que je partage avec plein de monde et peu de temps après, il l’a trouvé. Et l’année d’avant, je travaillais sur mes plates-bandes, il était passé et il m’avait dit : « Sont donc ben belles tes fleurs! » Je lui avais répondu : « Monsieur, j’en ai vraiment trop, revenez en chercher! » Faque l’année d’avant, je lui avais donné des fleurs, pis l’autre d’après, il me redonnait mon Mac.

 

C’est quoi Hochelaga pour vous et quel est le mot qui le décrit le mieux?

A : Ce que je sens beaucoup ici c’est de l’optimisme, malgré les défis et les problèmes de gentrification. Par exemple, quand la gentrification s’est produite sur le Plateau Mont-Royal, j’pense pas que les gens qui y participaient pis ceux qui la vivaient étaient totalement conscients de ce qui se passait. Et à cause de ce manque de conscience, ça s’est mal passé. Tandis que dans Hochelaga, oui la gentrification a lieu, mais les gens réfléchissent davantage. Oui, y’a des gens qui réagissent positivement, d’autres négativement, mais des deux côtés y’a une réflexion et ça, ça me rend optimiste.

P : Ouais, c’est ça, j’utiliserais les termes conscient et alternatif.

 

Que souhaitez-vous pour votre Hochelaga du futur?

A : Je souhaiterais que les alternatifs réussissent à garder un pied dans le quartier. C’est sûr que nous, les alternatifs, on est moins riches et donc c’est plus difficile de devenir propriétaires et de s’assurer de pouvoir rester dans le quartier. Mais que les gens s’organisent en gang, mettent leurs ressources ensemble, s’organisent des coops, réussissent à s’asseoir bel et bien dans le quartier malgré la pression qui existe pour que des gens plus standards puissent vivre ici.

P : Aussi, que les promoteurs immobiliers arrêtent de diviser les triplex en condos.

A : Au moins, on voit que beaucoup de gens en parlent. Quand ça se passait sur le Plateau, les gens pensaient que c’était normal, mais nous, on n’est pas intimidés et on est à la recherche de solutions. Que ce soit par exemple qu’une gang d’adultes se mette ensemble pour garder un appart pis de le transformer un peu pour rester dedans, que des gens mettent leurs économies ensemble pour s’acheter un triplex, etc.

P : Réussir à augmenter la densité de population, réduire la quantité de voitures et garder nos beaux commerces sur la rue Ontario. T’sais, la Belle-Place, c’est pas le plus chic resto, mais il faut qu’il reste, il fait partie d’Hochelaga!

 

Qu’est-ce que vous diriez à quelqu’un qui n’a jamais assisté au Branle-Bas, à quoi devrait-il s’attendre?

P : Avant tout, c’est la vente-trottoir, c’est le moment au début de l’été où on ferme la rue. Tout le monde vient se rencontrer, y’a des échanges. Pis en plus, c’est super de mettre en valeur les artistes du quartier, mais t’sais je pense que c’est le fait de fermer la rue qui est majeur là-dedans.

A : C’est juste et égal pour tout le monde. T’as pas besoin de t’acheter une auto pour pouvoir utiliser la rue. Cet espace-là qui est privatisé par des chars, là on enlève ça et la rue devient publique, à tout le monde. Je trouve ça merveilleux.

 

Qu’est-ce que ça représente pour vous de performer dans votre quartier?

P : C’est le fun de faire ça à la maison.

A : C’est une petite victoire parce que c’est pas facile pour nous de performer dans notre quartier. T’sais cette année, on en a eu deux petites victoires :  y’a eu au YMCA où a présenté notre gros show, celui qu’on fait en tournée, et y’en a une autre avec la ventre-trottoir.

P : Là, non seulement la SDC nous permet d’en faire partie, mais elle nous soutient du mieux qu’elle peut. C’est vraiment une victoire pour nous. D’ailleurs, nous on bénéficie du quartier et montrer notre art, c’est une façon pour nous de redonner.

 

Vous avez quelques lignes pour vanter votre Hochelaga, lâchez-vous!

P : Tu te sens pas comme dans une grande ville où les gens marchent pis qu’ils sont full pressés. Y’a vraiment un contact humain qu’on n’a pas quand on voyage à l’extérieur. C’est vraiment trippant.

A : Pis on sort pas du quartier.

P : Non, et quand je vais chez mes ami(e)s, j’me sens vraiment comme un ti-cul, j’pogne mon bicycle, et j’m’en vais chez mon ami à 5-6 coins de rue.

A : C’est la seule place où j’vais cogner chez le monde sans avoir appelé.

P : On retrouve notre enfance ici!

 

Pascale et Alexandre (Patin Libre) performeront dimanche le 4 juin de 12h30 à 16h30 avec Cycle-balle Montréal dans le cadre du Branle-Bas d’Hochelaga. On vous y attend!

 

À propos de Le Patin Libre

Le Patin Libre est une troupe de patinage contemporain qui parcourt le monde dans les festivals de danse et les théâtres les plus prestigieux. Leurs spectacles sur glace joignent la virtuosité des champions avec un style actuel et sans paillettes que plusieurs décrivent comme de la danse contemporaine sur glace.

La troupe prend naissance en 2005 avec des anciens patineurs professionnels de haut niveau. Elle a été créée pour transformer l’athlétisme en une forme d’expression libre. Loin des paillettes et des stéréotypes des performances pompeuses et formelles, les spectacles de Le  Patin Libre offrent un vrai travail artistique composé de magnifiques chorégraphies rendues possibles par la glisse. Cette année, le Branle-Bas d’Hochelaga se glisse entre 2 tournées du Patin Libre. Pour fêter la piétonnisation éphémère et la 1ere vente-trottoir de l’année, tradition chérie du quartier, quelques artistes de la compagnie troqueront leurs lames pour des roulettes et partageront une performance unique de violoncelle et de patin à roulettes en plein milieu de la rue Ontario!

 

 

Crédit photo : Anne-Marie Brien

 

PRÉSENTATION DE MEGGIE DESCHAMBAULT, Contemplatrice des p’tites choses d’Hochelaga

https://www.instagram.com/magouille_md/

 

Un jour, faute de papier à ma disposition et bouffée par le stress, j’ai juste crié « je t’aime » à mon kick. Littéralement. Et ce, dans la piscine à vagues de Bromont.

C’est à partir de ce moment, à 13 ans, que j’ai réalisé que je ne ferai jamais carrière comme oratrice. Tant mieux, parce que ce dans quoi j’étais vraiment à l’aise, c’était dans la rédaction. Aujourd’hui, dès que j’ai des palpitations pour un autre humain, une quelconque anecdote ou un bout d’histoire en tête, j’écris. C’est la même chose si je dois parler à quelqu’un sur un sujet important. Sinon, sans préparation, ça sort complètement tout croche de ma bouche, comme le démontrait parfaitement ma déclaration d’amour (by the way, j’ai jamais eu de nouvelles de toi, Jeffrey, mais c’est correct, j’te pardonne).

Depuis un an et demi, j’emprunte les rues et ruelles d’Hochelaga, certaines plus banales, à la découverte de télévisions échouées, de graffitis féministes, de conversations Not Safe for Work, etc. La timide extravertie que je suis déniche toujours quelque chose de nouveau, d’inspirant et parfois, d’un peu trash qui pimente mes écrits. Une anecdote n’attend pas l’autre, et j’ai bien hâte de vous en faire part!