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La vie en noir et blanc en couleurs

Mon mari, c’est le maire de la rue Aylwin. Il connaît tout le monde et tout le monde le connaît. Quand il a emménagé avec moi, ça faisait déjà un bout de temps que j’habitais là. Mais c’est vraiment grâce à mon chéri-immigrant que je me suis intégrée dans mon quartier. Maintenant, plus moyen de passer incognito… et en plus, je suis « la femme de… » Ça fait mal au féminisme.

J’ai remarqué que les immigrants se reconnaissent entre eux et se vouent un grand respect. (Toi aussi, t’as galéré… je te comprends tellement! Respect, mon frère)

Lorsque mon mari croise un black, il sort un « what’s up bro? » Il est à noter qu’il ne parle pas du tout anglais. Lorsqu’il croise le regard d’un autre immigrant africain, il sort systématiquement un « ça va? » ou encore un signe de la tête avec un grand sourire. Et il a vraiment un très grand sourire alors on ne peut pas le manquer. L’autre répond à tout coup. Sauf quand c’est un québécois d’origine haïtienne qui a été adopté quand il avait 2 ans… Là, seul un point d’interrogation se manifeste. « On se connaît? » Malaise et incompréhension.

 

Questions-Réponses :

Q : Pantoute et pantoufle, ça se ressemble, non?

R : Oui, mais ça ne veut pas pantoute dire la même chose.

Q : Qu’est-ce que ça veut dire odoye?

R : hot-dog, dans hochelaga

Q : Et c’est quoi un hot-dog?

R : Une saucisse dans un pain. Et non, ce n’est pas servi avec du riz.

Q : Pourquoi tout le monde rit quand je dis que je cherche mes tapettes?

R : Parce qu’ici, tapettes, ça ne veut pas dire gougounes.

Q : Pourquoi on ne prend pas ce bus-là, il part dans 2 minutes.

R : Parce que tous les autobus ne partent pas au même endroit.

 

Questions-Réponses inversées :

Q : Tu ne peux pas marcher plus vite? On est en retard et tu marches plus lentement qu’un escargot endormi…

R : Ça, c’est mon « plus vite ».

Q : Pourquoi tu mets ton déo sur ton chandail?

R : …c’est pas comme ça qu’on fait?

Q : Pourquoi tu mets ton plat en plastique sur le rond de poêle à feu moyen?

R : Pour faire réchauffer mon lunch.

Q : Pourquoi t’es allé te baigner dans la fontaine?

R : C’était pas ça, la piscine?

Crédit photo : Mélanie Dusseault, www.melaniedusseault.com

 

PRÉSENTATION D’ANDRÉANNE, Wannabe Blogueuse et Reine de l’Imposture

Entrée en matière. Delphine.

C’est elle qui m’a écrit pour m’annoncer que je gagnais la chance d’écrire ici.

Réaction de mon mari : « C’est bien, chérie. Qu’est-ce qu’on mange pour souper? Pas du tofu j’espère… » (Je suis aspirante végétarienne au grand désespoir de mon homme)

Réaction de ma mère : « Ah! Félicitations! Ça ne m’étonne pas! T’as toujours eu beaucoup de… » (Vous imaginez la suite. C’est ma mère, alors c’est classique)

Réaction de mon amie Pat-the-Cat : « Ben voyons! Kossé ça? C’est pas un prix pantoute ça, c’est du travail! »

Pat n’aime pas écrire. Moi, oui. Et sur mon quartier, alors là, je suis inspirée! Delphine, la pauvre, a été la première victime de mon débordement d’enthousiasme.

Mais avant qu’on aille plus loin, et question de partir sur des bases honnêtes, il faut que je vous avoue qu’en fait, je n’ai jamais « choisi » d’habiter dans Hochelaga. J’y suis atterrie il y a presque 10 ans et j’y ai fait mon nid. C’est un quartier que j’ai appris à aimer, lentement mais sûrement. On s’est côtoyés, on est devenus amis, puis un jour, sans que je m’en rende compte, j’étais en amour. Hochelaga Mon Amour, vous connaissez?