Quand j’ai déposé mes valises dans Hochelaga, je revenais de loin. Très loin. Le quartier me semblait si blanc et si francophone. On allait prendre un verre au St-Vincent, une poutine à la Québécoise ou un club sandwich au Miami. Puis, j’ai cligné des yeux et pouf! Les rues avaient tout à coup changé de couleurs sans que je ne m’en rende vraiment compte.
Au coin de notre rue, il y a la Colombie. Ils sont quarante-treize à occuper quelques appartements. La porte est toujours ouverte et la salsa toujours à fond les speakers. C’est la fiesta, quoi! D’ailleurs la bouteille n’est jamais bien loin. L’autre jour, on leur a souri et ils nous ont offert une gorgée directe de la bouteille.
Ça fait que j’en ai profité pour pratiquer mon espagnol! L’apéro sous le soleil brûlant de Bogota nous ayant ouvert l’appétit, on a fini au Mexique (au Burrito Revolucion)! Voyage de fin d’après-midi en Amérique latine, 10 $.
Au Congo, il y a toujours plein de monde. C’est un barber shop à l’africaine, c’est-à-dire qu’on fait un maximum de business avec un minimum d’investissement. Quatre gros miroirs sans contours ni cadres, un poster affichant les modèles de coupes offertes, et un spray d’huile d’olive (pour une finition reluisante de la coupe), c’est tout ce qu’il faut pour avoir un salon de coiffure qui roule. Moi, je ne fais qu’accompagner mon chéri, alors j’observe. Quand tu rentres, tu dis bonjour, puis tu t’assois sur le divan qui a subi plus d’une paire de fesses et tu attends. Tu attends longtemps. Il semble improbable de s’informer s’ils ont de la place ou encore dans combien de temps on va passer et si on ne pourrait pas revenir lorsqu’ils auront des disponibilités (comme dans « prendre rendez-vous à l’avance »). Ce genre d’information semble sans intérêt (on est en Afrique, on se le rappelle). D’ailleurs, personne ne se pose des questions de Blancs du genre « Excusez-moi mais j’étais là en premier! Pourquoi il passe avant moi, lui? ». Non. L’ordre confus des priorités de clients semble convenir à tout le monde. En fait, ça arrange presque les clients d’avoir à attendre parce qu’on va se le dire, il y a autant de placotage que de coiffures là-dedans. Une demi-journée passée à lézarder sur un divan au Congo, 0 $. (Bon ok, 15 $ pour le chéri, et 10 $ quand il est chanceux et que le patron est de bonne humeur.)
L’autre matin, je me suis surprise à être nostalgique de mon été en France. L’été où j’avais pris 20 livres, comment l’oublier! Le goût de beurre de la France me manquait soudainement. J’ai marché trois coins de rue et j’étais à la campagne française dans la Grange du Boulanger, juste en face de l’église. Un café au lait et un croissant plus tard, je me demandais si j’étais la plus heureuse au monde ou si j’avais attrapé la poisse qu’une boulangerie artisanale se soit installée juste à côté de chez moi, sur le chemin de la garderie par-dessus le marché! En tout cas, tenez-vous-le pour dit : on peut voyager en France sans aller sur le Plateau! Douce matinée en France, 6 $.
Après, je prévois un tour au Maghreb, puis en Irlande, en passant par Port-au-Prince (méchant détour, vous allez me dire). D’ailleurs mon chéri a dit qu’il m’offrait un petit séjour en Haïti. Paraît qu’il y a un nouveau resto créole beau-bon-pas cher coin Hochelaga-de Chambly… Mwen Grangou!
Et si je vous disais qu’il y a même des anglos dans Hochelaga? Ben oui, toi! Mais à ce que je sache, ils n’ont pas encore ouvert d’agence de voyage… alors affaire à suivre!
PRÉSENTATION D’ANDRÉANNE, Wannabe Blogueuse et Reine de l’Imposture
Entrée en matière. Delphine.
C’est elle qui m’a écrit pour m’annoncer que je gagnais la chance d’écrire ici.
Réaction de mon mari : « C’est bien, chérie. Qu’est-ce qu’on mange pour souper? Pas du tofu j’espère… » (Je suis aspirante végétarienne au grand désespoir de mon homme)
Réaction de ma mère : « Ah! Félicitations! Ça ne m’étonne pas! T’as toujours eu beaucoup de… » (Vous imaginez la suite. C’est ma mère, alors c’est classique)
Réaction de mon amie Pat-the-Cat : « Ben voyons! Kossé ça? C’est pas un prix pantoute ça, c’est du travail! »
Pat n’aime pas écrire. Moi, oui. Et sur mon quartier, alors là, je suis inspirée! Delphine, la pauvre, a été la première victime de mon débordement d’enthousiasme.
Mais avant qu’on aille plus loin, et question de partir sur des bases honnêtes, il faut que je vous avoue qu’en fait, je n’ai jamais « choisi » d’habiter dans Hochelaga. J’y suis atterrie il y a presque 10 ans et j’y ai fait mon nid. C’est un quartier que j’ai appris à aimer, lentement mais sûrement. On s’est côtoyés, on est devenus amis, puis un jour, sans que je m’en rende compte, j’étais en amour. Hochelaga Mon Amour, vous connaissez?